

CORPS TRONQUÉS
Marie-Andrée Boivin
Nous contacter pour les tarifs / Contact us for prices $0.00
- per
Expérimental Québec 2020 sans dialogue/textes français 0:15:34
Autour de la surdité/du monde sonore
Comment faire le pont entre moi, qui n’entend pas bien et qui perçoit ainsi le monde extérieur, et les entendants, afin qu’ils comprennent ce point de vue de « corps tronqué » ?
Quand les entendants pensent « surdité », ils pensent « sans son », comme dans le film « Babel ».
Or ça va beaucoup plus loin que ça. Comme le dit le vidéo, « Être sourd ce n’est pas nécessairement ne pas entendre ou ne pas comprendre ; c’est vivre avec, constamment, un mur de verre devant soi ; entre soi et le monde extérieur. C’est un problème d’atteinte. Alors j’attends ».
En création, quelques paramètres à analyser.
Le fameux “j’attends”: comment donner cette sensation en vidéo sans pour autant donner des longueurs interminables qui feront décrocher le spectacteur? Pourtant, la surdité est longue longtemps.
On me dit souvent “joue avec le “sans-son” dans tes vidéos. Or, la surdité n’est pas nécessairement, et surtout pas seulement, l’absence de son. Surtout, avec une vidéo sans son, les entendants, trop habitués à s’agripper à ce sens, décrocheront.
Dans un autre sens, on me conseille de trafiquer le son. Je l’ai fait pour ma série “mur-muré.e”, ce faisant, j’ai produit des vidéos où l’expérience du corps tronqué est effective, mais où deux problèmes surgissent: 1-je dépends d’une autre personne pour tronquer le son, 2- ces vidéos, ironiquement, ne sont pas accessibles aux sourds et malentendants… et donc pas à moi, non plus!
Souci de la narrativité accessible. Ce vidéo est un compromis.
Ne pas tomber dans l’exotisicimation (montrer la surdité comme exotique) ou dans le pathos/la victimicisation (bouhou).
Démonstration par le réel, par l’absurde.